Comment avoir un mental de champion ?

Comment avoir un mental de champion ?
Depuis quelques temps, tous les grands sportifs nous parlent de préparation mentale. La stabilité, le calme, la lucidité, la combativité et la résilience mentale sont constatés chez tous les champions. Nous allons voir ensemble ce qui rend possible d’atteindre de tels niveaux de performance et ce qu’implique d’avoir un mental de champion.
Table des matières
Qu’est-ce qu’un champion ?
La définition commune d’un champion est quelqu’un qui gagne de nombreux titres, tournois ou plus largement des compétitions et qui trône en tête du classement de sa catégorie, de son sport.
Et si un champion c’était autre chose ? Indépendamment du résultat global, des médailles, des titres ? Se serait quoi la définition d’un champion ? Quels serait les critères ?
Sortons la boîte à idées cinq minutes pour aller plus loin et comparons les exemples !
Un champion de F1 est celui qui termine 1er du championnat. Simple non ? Pourtant il n’est pas seul. Il y a les performances de la voiture, donc de l’équipe technique, le budget, les équipementiers … etc Donc beaucoup de paramètres extérieurs à la propre performance du pilote. Il y a aussi les différences de performances similaires dans les autres écuries. Donc c’est multifactoriel. Le 1er au classement est une somme. L’addition des compétences techniques et du pilotage. Donc le 1er est il vraiment le meilleur pilote ? Rien ne semble le confirmer dans ce sport.
Au foot ou dans tous les sports collectifs ça donne quoi ? Un champion fait partie d’une équipe, même si l’équipe gagne le championnat est-il vraiment le meilleur à son poste ? Si il l’est, beaucoup de paramètres mènent ou non à la victoire donc le résultat d’une équipe ne remet pas forcément en cause la qualité individuel du sportif. Donc même constat qu’en F1, les qualités du sportif ne sont pas forcément synonyme du résultat global !
Alors maintenant les sports individuels ! Forcément, par définition cela repose sur soi et uniquement soi. Mais par exemple un tennisman avec un niveau extraordinaire si il tombe de façon récurrente sur un adversaire plus fort qui le neutralise ne sera qu’éternel deuxième. Cela remet-il en cause ses qualités de sportifs ?
Vous l’aurez compris, la place de numéro 1 est à dissocier de la valeur personnelle du sportif. Donc un champion, pour moi, n’est pas synonyme de numéro 1. Même si le numéro 1 en est un ! Cela semble évident.
Mais alors c’est quoi un champion ? Qu’est-ce qui peut bien être différent mentalement chez les champions et qui leurs permettent d’être au top niveau?
Et si c’était simplement la façon de percevoir, de mettre en perspective et de se comporter ?
Il me semble donc que c’est ce qui le caractérise, son attitude, sa capacité à donner le meilleur de lui même, sa combativité, sa capacité adaptation, sa créativité…etc. Et ce sous la pression de l’enjeu ou des contraintes extérieures! Alors la, je crois que l’on y voit un peu plus clair et qu’il y a une piste à explorer. Celle qui se dessine dans la tête, dans les tripes aussi. L’expression « en avoir dans le ventre » faisant sens. Bref, la relation à ce qui se passe et aussi à ce qui pourrait advenir car le cerveau est un sacré farceur et se projette dans ce qui pourrait advenir, pour le meilleur scénario mais souvent pour le pire. Dans les deux cas, le sportif n’est plus dans en concentration. Un champion se différencie par son aptitude à être dans l’instant présent et dans le fait d’oser.
La relation mentale à l’effort:

Le mental d’un champion est ce qui lui permet de dépasser les alertes corporelles dues à l’intensité et la durée de l’effort. Il existe des techniques mentales pour rassurer son cerveau et se focaliser sur autre chose. Relativiser la durée ou la distance restante en découpant l’épreuve mentalement en plusieurs points de passage par exemple. S’auto-suggérer un narratif…etc. La gestion mental de la difficulté fait partie intégrante de la préparation mentale, surtout pour les sports d’endurance. Suivant sa perception, l’humain peut fournir un effort dans un but motivant ou non. Sans faire sens avec un projet, un objectif, un rêve, un effort prend une connotation de pénibilité. Par contre, si un sportif voit cet effort comme un moyen de grandir et de se procurer des joies futures, alors cet effort, pourtant identique devient stimulant. La capacité à fournir des efforts est donc décuplée lorsque l’on aime la perspective du but recherché et l’énergie ne manque pas. L’amour déplace des montagnes ! Alors si l’on suit cette logique, pour être performant il serait donc fondamental d’aimer ce que l’on fait car cela fait sens en nous. Encore faut-il se connaître vraiment et pour cela, l’introspection issue d’un accompagnement mental est précieuse. Décortiquer ses propres valeurs, connaître ce qui nous transcende, ce qui nous amène à nous dépasser pour aller plus vite, plus haut, plus fort ! Pour cela, un sportif ne peut se permettre de rester dans des croyances mais bien rechercher de quel bois il est fait et travailler sur ses faiblesses pour être plus complet et plus stable. Cela ne se fait évidemment pas du jour au lendemain et c’est la que la discipline permet de maintenir un rythme de progression en cohérence avec son projet sportif et d’exploiter son potentiel. Sans travail, le talent n’est qu’un gâchis.
Cristiano Ronaldo (Football) :
« Je ne suis pas un joueur ordinaire. Je travaille plus dur que les autres. Mon succès est le fruit de l’effort, de la discipline et d’une forte détermination. »
« La préparation mentale est aussi importante que l’entraînement physique. »
Michael Jordan (Basketball) :
« Je peux accepter l’échec, tout le monde échoue parfois. Mais je ne peux pas accepter de ne pas essayer. »
« Le talent vous fait commencer, mais c’est votre mental qui vous fait aller jusqu’au bout. »
Le rôle du mental sur la motivation et la progression:

Une motivation de champion qu’est-ce que c’est ? Force est de constater que les témoignages des champions relatent tous une assiduité et une intensité dans la durée qui force le respect. Un exemple d’attitude de champion est d’en faire plus que ce qui est demandé. Arriver plus tôt à l’entraînement et partir plus tard pour développer des aptitudes supplémentaires. Mais qu’est-ce qui peut bien motiver un sportif à en faire plus alors que les efforts demandés sont déjà considérables ?
Premièrement il y a un état d’esprit différent qui consiste à ne jamais se satisfaire de son niveau. Ne pas se fixer de limites, imaginer et rechercher la perfection. Cela procure une démarche de curiosité du détail, le plus, le petit plus chaque jour, chaque heure, sur chaque coup réalisé. Le champion est un perfectionniste boulimique car à chaque progrès il se nourrit, il se rapproche de sa vision, de son idéal, de son rêve. N’étant jamais rassasié, son rêve et sa vision du beau, de l’efficace augmente à mesure que son niveau augmente. Si il y a bien un trait de caractère récurrent chez les grands sportifs, c’est la volonté acharnée de chercher le moindre progrès dans les détails. Décortiquer les facteurs de performance devient donc une condition préalable au top niveau de sa propre performance. Mesurer, comparer pour avancer, un champion analyse, priorise, décortique. Donc il expérimente, avec comme récompenses les progrès qui s’additionnent. C’est une source de joie sans fin ! C’est par le constat de chaque progrès que l’on entretien la motivation.
Cette caractéristique dans l’attitude permet aussi d’évoluer au fil des années, de se remettre en question et de s’adapter à l’évolution de son sport, de ses concurrents ce qui développe sa propre estime de soi. S’améliorer, devenir meilleur, n’est-ce pas le but de l’entraînement et sans difficulté supplémentaire pourquoi le corps ou l’esprit grandirait-il ? C’est en apprenant de l’échec et en y observant une occasion fantastique de progresser que l’on abdique pas, que l’on retourne à l’entraînement chaque jours avec enthousiasme. Un progrès après l’autre, un morceau du puzzle de sa performance après l’autre jusqu’à ce que se dessine sa propre image. Celle qui nous ressemble vraiment et nous procure de la fierté.
Le haut niveau : l’art d’aimer le déséquilibre

L’amour de ce que l’on fait étant synonyme de plaisir, c’est bien par le jeu que l’amusement advient. Il me revient une citation du vice champion Olympique d’escrime Jean François Di Martino lors d’une intervention dans le cadre de la formation Soyez P.R.O à la faculté de sport de Bordeaux : « le haut niveau, c’est jouer sérieusement ! ».
Donc jouer, être joueur et oser ! Oser rentrer dans le jeu sans le fuir, manœuvrer, déstabiliser par des « choix » créatifs. Anticiper l’anticipation pour être dans le génie tactique. Car à haut niveau, l’anticipation, l’intuition sont indispensables pour diriger l’action avec un temps d’avance.
S’amuser de feindre, être imprévisible, sortir des schéma qui rassure le moi numéro 2, l’inconscient ! Ce moi primitif qui cherche à nous protéger du danger, de l’incertitude avec comme levier la peur. La peur du danger, de faire une faute, de perdre, voir même d’être différent ou jugé ! Combien de fois observe t’on des joueurs qui jouent la sécurité en fin de match ? Hors la sécurité ne produit rien de surprenant donc l’adversaire peu anticiper. C’est alors que la sacro-sainte « remontada » se pointe ! C’est très excitant pour les spectateurs de voir des retournements de situation mais beaucoup moins pour le sportif qui ne réussit pas à jouer jusqu’au bout et se retrouve face à ses émotions et à la déception d’avoir une défaite en poche si près du but.
Jouer sérieusement, pour moi est un mélange subtile de la créativité et d’un plan de jeu intelligent. Un mélange de folie douce et d’efficacité analytique. Un exercice de funambule de haut volée n’est-ce pas ? Oui ok mais ça ne se trouve pas par terre ce genre de qualités presque contradictoires. Comment avoir ça ? Ou plus exactement, comment cultiver cela ! Dans l’inconscient collectif le mental on l’a ou on l’a pas ! On naît champion dans sa tête ou pas ! Ce serait inné, d’ailleurs lorsque l’on regarde un gars comme Fédérer c’est si facile de jouer au tennis. Une preuve que le talent est inné ? Vraiment ? Mais alors comment se fait-il que lorsque que l’on écoute tous les grands champions depuis quelques temps déjà, « la préparation mentale » revient sans cesse ? Étonnant non ? Serait-ce qu’il est possible de développer le relâchement, la concentration en gérant mieux ses émotions ?
C’est un des axes majeurs de la préparation mentale ! La connaissance de soi aussi. Pour être créatif et jouer sérieusement, il n’y a pas trente six solutions, les sens doivent être en éveil et focalisés sur l’action. Pour être créatif, si les émotions qui sont le fruit des pensées encombrent l’esprit, cela risque d’être au petit bonheur la chance. Et la chance n’est pas un plan de jeu. Parfois on prend ! Une bonne gratte méritée cela s’appelle de la réussite ! Cela se provoque d’ailleurs, en allant de l’avant en apportant de la consistance dans l’action.
Le Mental sous pression : « OSEZ ! »

Un champion ça ose et pas qu’un peu ! C’est une marque de fabrique même si j’ose dire. Mais qu’est-ce qui est favorable à la création, à l’inspiration ? Un peintre, un musicien, les artistes en général, comment favorisent t’ils l’émergence de la créativité ?
C’est un tout qui part des conditions de vie, de l’environnement que l’on s’est constitué, de son hygiène de vie, de son équilibre affectif et émotionnel…etc La préparation mentale c’est aussi être bien dans ses baskets ! Et ça, ça dépend de la cohérence de ce que l’on vit avec notre système de valeurs. Les siennes de valeurs, pas celles du voisin. On en revient donc à la connaissance de soi et la cohérence de notre vie avec nous même et ce qui l’incarne, notre rêve, notre projet sportif et ce qui le compose. Lorsqu’une majorité de curseurs sont favorables, le joueur libère le champion qui est en lui. Un champion c’est être libre, libre d’oser, de choisir, d’essayer l’improbable et d’avoir la lucidité pour s’adapter. C’est aussi avoir développé un socle solide sur lequel s’appuyer. On ne bâtit pas un édifice sur du sable ! La créativité s’appuie sur la maîtrise technique et tactique développées jusqu’à atteindre la virtuosité. Et pour atteindre les sommets, il est indispensable d’y croire, de se dire que s’est possible. Voir grand, voir loin et avoir de l’imagination indépendamment des vulgaires croyances limitantes qui s’accroche à la sécurité ronronnante des habitudes rassurantes.
Aimer le déséquilibre, c’est en cela qu’un champion est hors du commun et que sa vie l’est aussi.
Ces quelques citations résument parfaitement cela :
Serena Williams (Tennis) :
« Les champions sont faits de ce qu’ils font, pas de ce qu’ils disent. Le travail mental est ce qui te permet d’affronter les moments de difficulté et d’être à la hauteur de la situation. »
« La confiance en soi est la clé. Si vous ne croyez pas en vous-même, vous allez vous perdre sur le terrain. »
« Le mental est un aspect très important dans mon jeu. J’ai appris à contrôler mes émotions et à me concentrer sur ce que je peux contrôler. »
Usain Bolt (Athlétisme) :
« Les gens me voient courir vite, mais ils ne voient pas tout le travail mental que je fais avant une course. La préparation mentale est ce qui me permet de rester calme et de donner le meilleur de moi-même. »
Roger Federer (Tennis) :
« La capacité à gérer la pression et à rester calme sous tension est essentielle. La préparation mentale me permet de rester concentré et d’affronter les défis sans m’épanouir. »
Kobe Bryant (Basketball) :
« Les champions sont faits de ce qu’ils font, pas de ce qu’ils disent. Le travail mental est ce qui te permet d’affronter les moments de difficulté et d’être à la hauteur de la situation. »
La stabilité mentale des champions : une discipline quotidienne

Un champion se reconnaît aussi à la régularité de ses performances. Indépendamment du fait d’être préparer physiquement, un champion est régulier face à l’adversité. Mais d’où vient cette régularité ? La technique ? A très haut niveau tous les sportifs sont capables de sortir des coups incroyables mais les sortir régulièrement et au moments opportuns c’est une autre pair de manches !
Tout se passe dans la tête, donc être stable dans sa tête est un préalable à l’être dans l’action.
Que d’émotions tout de même le haut niveau, rester focus et lucide n’est pas donner à tout le monde. Effectivement, mais ce n’est pas donné tout court. La gestion des émotions personne ne vous la donnera, elle se travaille, se développe et se stabilise. Mais comment donc ? La discipline chers amis, la discipline ! L’assiduité à canaliser ses émotions permet d’augmenter la capacité à rester en concentration. C’est par la pratique quotidienne et profonde de la respiration, de la méditation et le la sophrologie que l’on cultive le calme. Cela ne permet pas seulement d’être calme, cela permet d’augmenter considérablement la quantité d’informations perçues par le sportif au travers de ses sens, notamment la conscience corporelle et la proprio-réception. Dans les moments intenses nerveusement, l’entraînement mental permet donc de mieux se libérer pour effectuer des actions. La sensibilité supplémentaire du corps apportant une précision et un toucher beaucoup plus détaillé. Cette stabilité c’est aussi le fruit d’un travail amont avec le préparateur mental pour distinguer ce qui vrai, ce qui est bon et ce qui est utile. Le cerveau est une usine qui fabrique des pensées qui ne s’appuient pas sur le réel mais sur la perception du danger. Décortiquer ses pensées en tant que sportif permet de prendre de la hauteur et du recul sur les impressions pour ne pas se mettre de pression et s’épargner des émotions qui parasitent la performance. Un accompagnement mental à pour but la connaissance de soi et la cohérence avec le projet sportif mais c’est aussi un révélateur de l’identité profonde du sportif. Donc deux axes se dessinent pour atteindre la stabilité, le travail de réflexion avec le préparateur mental et l’introspection personnelle via la méditation orienté sur les problématiques et les opportunités en résonance avec la mission, le rêve de qui l’on est et de qui l’on se voit devenir.
La perception mentale des champions :

Cette vidéo d’Arsen Wenger, ancien entraîneur mythique de l’équipe foot d’Arsenal, explique bien la différence de perception entre les bons et les grands joueurs. Scanner l’action en cours avec la plus grande finesse permet de lire le jeu, d’anticiper pour décider de réorienter le jeu avec intelligence. Dans les dix secondes précédant l’arrivée du ballon, un bon joueur scanne son environnement 4 à 6 fois alors qu’un grand joueur de 6 à 8 fois. Cette capacité plus développée à percevoir finement son environnement chez certains sportifs se développe, s’affûte. En plus des exercices sur la vue, la visualisation mentale, méditation et la concentration qui y est associée permet d’atteindre un état de conscience sensorielle augmenté. Cet état, augmente la vision périphérique et la spatialisation en mouvement. Tout semble plus lent, plus détaillé, le corps fournit moins d’efforts, le rythme cardiaque est plus modéré et la lucidité qui en découle dépasse de très loin l’ordinaire. Plus de finesse et plus de lucidité et lorsque l’on a vécu ça, il devient alors possible de comprendre pleinement ce qu’est la symbiose entre le corps et l’esprit. On touche alors au but réel du sport, se sentir puissamment VIVANT.
Et si on libérait le champion en vous maintenant ?